~ CANDEUR AFFABLE ~

Fruit des lunes, je passe au travers de la pluie.

L’ennui s’évertue à libérer les effusions de sève, c’est à l’aurore que l’entendement m’étreint de ses lancinantes lubies chères à mes désordres.

J’annonce la césure … mon cœur endolori s’éventre d’illusions.

A toute allure, je plie l’envers de ce qui m’anime.

L’ingénue est là, je la vois m’habiter.

Et je l’accueille, éperdument éprise, quittant l’emprise des songes pour m’étourdir de ses belles confidences.

Ah que l’envol est suave et l’écueil amical !

Je déploie mes errances comme les ailes d’un vautour, et j’oublie la saveur du sillage libéré.

Infinie Byzance…. Volubile présence.

Silence, réminiscence de l’éblouissant ennui de l’enfance, suspendu au vide de l’espace alangui.

J’ai soif d’oraison et mes chandelles se reflètent dans le chaos qui peuple mon pardon.

Mais l’hardiesse est au cœur du salut, si florilège il y a.

C’est à ces dires que l’éloquence s’en prend à l’outrecuidance.

J’adoube le volcan et siège sur le trône de la grâce perdue,

implorant la vanité de bercer mon refuge.

C’est là qu’il arrive, grandiloquent d’espoir, chancelant de ses ailes toutes frêles d’y croire.

Candeur passagère, c’est dans le silence que la honte cherche sa plainte.

A toi de m’égarer dans les limbes étourdies du lointain désuni.

J’en profite pour atteindre l’oracle de mes tendres égarements, c’est là l’usure de la transe inaccomplie, le désir infini des largesses empathiques de tes yeux implorant la quête inassouvie.

D’où vient la ferveur de l’indicible ? pourquoi s’étend elle dans le vide de l’inconnu et s’émerveille-t-elle d’autant d’esprit ?

Inspire le souffle de la vie, l’envie s’approche, elle te défie de l’apprivoiser, son dessein est accablant de joliesse arbitraire.

N’aie crainte, approche toi de son râle, mérite son courage désenchanté, c’est dans son souffle que brille ta quête d’irrépressibles amours.

Déploie tes larmes, replie tes armes, danse autour de l’infini et change le feu en flamme.

C’est l’ironie du non dit qui pare à l’illusion, posant son dévolu sur les chimères de l’élégie.

De parures en parades, lucide et louable, elle se jette dans le flot de l’insondable évanescence de la vie.

Que c’est beau autant d’attrait pour le Haut…

~ ET PUIS ~

La pluie se meut dans l’entrebâillement du jour

Et sa plainte m’enserre de ses miroitement frêles

Posés sur l’effluve de l’aube

Comme des ondoiements dansés

comme des firmaments soufflés

A la candeur du matin las

Les âmes bruissent en contrebas

A la lisière de l’oubli

Et me réchauffent de leurs ailes chamarrées

Oscillant entre le rêve et la lune

Dans le pourtour des mystères des vagues brunes

Illuminées par le clair qui s’obscurcit de brume

Dans la chaleur moite des atermoiements de la rosée.

L’été s’égare …

Errance sans désespoir.

~ SHUT ~

Le beau s’étire tout au long de la plaine

Et souffle son nom à qui peine à se reconnaître

Il prend silence dans l’écho de sa faille

Et ralentit à mesure qu’il s’éprend de l’orage

Shut …

Je tisse des filaments de sève

Là où s’achève l’érosion du jour

Et je brille d’un soleil rauque

Évanescent de tranquillité vautour

Shut …

La beauté s’achève là où point l’or sourd

Shut …

Je ne sais que dévorer mes effusions d’amour

Shut …

Le silence a finit sa belle danse

Shut …

La cadence est rompue

Mais j’en ai fini avec les jours qui pensent.

Shut …

Que c’est beau d’être épris de la fin du jour.

Shut …

~ VESTIGE DE NUIT ~

Poésie furtive au regard triste implorant la joie, tes joues à ramage ont le charme intime des homélies solaires.

Le carmin de tes baisers s’est délité dans les vestiges de tes oublis.

Et tes vertiges, qui souffrent de trop aimer la pluie, t’intiment de ne point réprimer la lie de tes envies.

Abîmés par le craquèlement de tes chagrins, ils invoquent la force des embruns, pour défier l’emprise du matin.

~ À FLOT DE MOTS ~

À la volée des heures indues à l’effigie des âmes en peine, tu creuses la lie des amours fous engloutis dans les soieries de l’indifférence.

Ce qui t’effleure est blotti dans les entrelacs de ta liesse et s’évapore à mesure que le sort t’endort.

À fleur d’ennui, tes vagues s’étreignent de flammes acerbes et, dans le firmament de tes lueurs, calment le bruit de tes erreurs.

Puis tu t’oublies…

Et soudain la pluie t’émeut de te faire frémir à l’orée de la joie.

Et ta parole libère ses flots d’émoi, harassés par l’envie de s’enhardir du chant des certitudes.

A leur tour alanguis, les mots s’enivrent et tracent les contours de tes larmes singulières.

~ L’EAU QUI DORT ~

La symphonie des rêves a transformé le feu du vent en lave et s’est blotti ardemment dans l’embrasure tiède des fêlures emmêlées.


A mesure que l’évidence s’égare dans les tumultes de l’absence, le carillon du jour éteint ses rayons de prière.


Mais la douceur de l’eau qui dort amenuise l’intranquille beauté des corps, retors, las de s’extirper des ombres inachevées d’eux même.


Enlisés dans les désordres des ors de l’aube, ils implorent les sombres cœurs éplorés de s’emparer des rancœurs oubliées.

Je suis

Je suis la nuit qui dessine tes regards

Dans les horizons lointains des pensées qui t’égarent

Je suis le vent qui achève tes lueurs

Dans les tournoiements inaccomplis des pliures de tes peurs

Je suis l’onguent qui embaume tes silences furtivement cachés dans les enluminures de l’offense

Je suis la brise qui s’amoncelle dans le noir et pulvérise les rêves épars qui embrument tes clartés

Je suis le jour dans lequel tu t’égares quand les brisures du soir n’apaisent pas tes regrets

Je suis la lune

Je suis l’enclume

Je suis la brume …

Et je t’inonde de mes effluves tel un fauve qui t’adouberait de sa danse du courage.

Étranger

Étrange étrangeté que ce sentiment d’être étranger … étranger à soi, étranger à toi… comme un corps étranger, un intrus… Cet autre venant d’ailleurs, cet être bizarre cet  invoulu, cet inconnu qui est « en dehors », en dehors de toi, qui n’est pas toi, qui n’est pas là où tu es dans l’endroit où tu es toi.

Dans cet antre de l’admis, de l’ici, à sa place quelque part.

Il est d’ailleurs, il est ailleurs … ailleurs parmi les errants de l’ici, les errants de l’envie d’être là face à toi, privé d’entre soi.

Dans les entrelacs de la chance, dans les interstices de l’oubli.

L’étranger n’a pas son là où il vit. 

Il est hors là comme un hors sol… seul … en proie à l’irréductible sentence de n’être jamais à sa place là.

Asservi à l’emprise de l’ennemi qui l’assigne à être « en dehors » d’ici, en dehors de lui, à côté de là où il vit, à côté de là de sa vie, à côté de la vie.

RÊVE D’EMPRISE

 

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Habit de chimère tressé de foudre chamarrée de poudre, tu m’embarques dans des ornements de caresses habitées d’effroi.

Tes gracieuses mines m’enchevêtrent dans les filaments de ton impudique paresse.

Paradant à foison dans les tourments égarés du courant, tu brilles dans les reflets de tes ondulations lascives.

Le soleil s’accorde à te servir de mage mais tu préfères la lune qui dort dans le creux du matin et feint d’illuminer le feu de ton chemin.

En chamane échevelée d’avoir parcouru les récitals enfiévrés d’azur, tu offres ta ferveur à qui saura briser l’effluve du pardon.

Et tu savoures l’exquise emprise que tu exerces quand tu t’éprends, comme par méprise, de tes emportements.

 

… Natacha Bensimon …

……